Maisons du Coteau et des Sablons: Gémellité et histoire commune.

Le Coteau/Les Sablons – Ecole des Roches – 11 novembre 1984 – Photo S. Adam-


L’ensemble Coteau /Sablons a été construit en 1902 par L’architecte M. Rabier. Il semble que cela soit l’architecte parisien Michel Rabier à qui on attribue aussi  le 87, Boulevard de la Villette, édifié en 1900 et détruit aujourd’hui.  L’ensemble a été traité avec les canons de l’architecture italienne.  Cet immeuble jumeau  de l’Ecole des Roches divisé en deux Maisons, le Coteau à gauche et les Sablons à droite , accueille ses tous premiers élèves à la rentrée d’octobre 1902. Une spécificité de l’Ecole des Roches… elle est constituée de Maisons, en plus des bâtiments « collectifs ».. 

Après l’agrandissement du château des Roches qui prendra le nom du Valon , la construction en 1900 de  la Maison des Pins, la Guichardière qui s’ouvre aux élèves en Septembre 1901, l’ouverture de la Maison de l’Iton en 1902,  le Coteau et les Sablons sont les dernières créations de Maison cette même année. Il faudra attendre 23 ans pour voir la construction d’une nouvelle Maison à l’Ecole des Roches , en 1925 avec la Prairie. 

Dès Octobre 1902 , M et Mme Georges Bertier (1877-1962), jeune professeur de lettres  agé de 24 ans, déjà dans l’Ecole, prendront la responsabilité de la Maison du Coteau en tant que chef de Maison comme le feront au même moment M et Mme (Eve) Henry  Trocmé (1873-1944) aux Sablons, nouvellement arrivés à l’Ecole.

M. Henry Trocmé est professeur de Philosophie , ancien élève du Lycée Louis le Grand à Paris. Jeune marié depuis Janvier 1902, il a épousé la fille d’un ami de Edmond Demolins créateur de L’Ecole, le Docteur Rist. L’histoire commence ainsi, les jeunes époux Henri et Eve Trocmé sont passionnés par l’éducation.  

Eve et Henri Trocmé – Chefs de Maison des Sablons -Ecole des Roches de 1903-1944

Pour se rendre compte de l’engagement de ces deux couples dans l’aventure « Ecole des Roches », il suffit entre autre d’évoquer le nombre d’années passées à la tête de ces deux Maisons. Les Bertier y resteront trente ans pour déménager à la Colline en 1931 et les Trocmé 39 ans jusqu’en octobre 1941, chassés par les allemands des Sablons.

Sablons

Georges Bertier sera nommé par Edmond Demolins en  juillet 1903 directeur de L’Ecole à l’âge de 25 ans, en  1922 membre du conseil d’administration et Henri Trocmé deviendra, au même moment en 1903, à 29 ans,   directeur des études et sous-directeur de l’Ecole. Convaincu par le projet d’éducation de Demolins, il investit 20 000 francs or sur ses propres deniers (90 000 euros d’aujourd’hui) dans la construction du Coteau/Sablons, ce dernier qu’il meublera également sur ses propres deniers.

Le chef de Maison est l’élément majeur dans le fonctionnement singulier de l’Ecole des Roches.  Au même titre que la pratique exclusive du sport et des activités artistiques et /ou manuelles chaque après midi de la semaine, sans oublier un week end sur deux où les élèves restaient à l’Ecole jusqu’à  la fin des années 80. Jusque dans les années 60, les élèves ne sortaient qu’aux vacances scolaires et pouvaient avoir  la visite de leurs parents,  les dimanches, à l’Ecole. En 1903, Edmond Demolins alors qu’elle  n’avait que trois ans d’ancienneté décrit dans ce qui sera la première plaquette commerciale,  post création, le nature et le rôle du chef  de Maison :  » La Maison d’habitation possède une large autonomie : elle a à sa tête un professeur en chef, assisté d’une dame et de plusieurs professeurs. Les enfants y prennent leurs repas, y couchent et y ont leurs salles d’études. C’est vraiment une maison de famille, envoyant ses enfants dans un externat situé à proximité ». Ce type d’école évite à la fois les inconvénients de l’internat et ceux de l’externat. Il évite l’agglomération, le casernement et l’étroite réglementation de l’internat, puisque les enfants habitent en petit nombre dans la famille d’un professeur. »

Le Sablons – La Famille Trocmé dans le Salons des Sablons  – Chef de Maison Henri Trocmé, sa femme eve et leurs neuf ans. 

Nous avons pu acquérir  une correspondance de Henri Trocmé avec Léopold Varcin né en 1914 et aux Sablons de 1926 à 1933  pendant la coupure des grandes vacances d’été de 1929. Elle donne la mesure de l’homme et l’ambiance de confiance « instaurée » qui pouvait régner au sein de la Maison. 

L’Ecole en 120 ans s’est agrandie , deux restaurants indépendants se sont succédés pour prendre le relais du service à la maison comme l’a immortalisé ce repas quotidien, à la belle saison, sur la terrasse du Coteau et des Sablons, aujourd’hui couverte depuis très longtemps et desservie par une des grandes salles de vie du premier étage de chacune des deux Maisons.

CPA de Octobre 1904- Repas à la belle saison sur terrasse commune du Coteau et des Sablons à l’Ecole des Roches .

Pour le Coteau , le départ des Bertier  en 1931 laissera la place jusqu’en 1949 à d’autres chefs de Maison ( M et Mme de Prat, M. L’abbé Gamble, Mlle Lepetit, M. Grunder, Mlle Huguenin, M et Mme Vaussard, M et Mme René Lévesque, M et Mme Biroust.

Pour les Sablons c’est plus simple et tragique à la fois.  Mme Trocmé sera la victime d’un bombardement de l’Ecole à l’été 1944 et M. Trocmé quelques mois plus tard, sera renversé mortellement par un véhicule ravitailleur de l’armée américaine sur la départementale  qui borde l’Ecole et ouverte en un seul sens en ces mois qui suivent le débarquement alliés, sur deux voies, dans le  sens Province-Paris. Ils sont morts sans savoir su que un de leur fils ,Daniel Trocmé agé de 32 ans avait été la victime du nazisme en avril 1944 dans le camp de concentration de Majdanek en Pologne. La famille Trocmé a payé un lourd tribu en cette année 1944.

 

Un croix qui se trouve sur le côté gauche de la départementale avant l’ancienne maison des Champs rappelle cet évènement tragique. Après les Trocmé , c’est un ancien élève de l’école, Jacques Valode (1923-1994), professeur d’histoire qui sera chef de Maison des Sablons, à l’âge de 23 ans, pendant 16 ans, de 1946 à 1962. Le livre du centenaire lui consacre plusieurs pages ( P119) en retranscrivant le discours qu’il fera un an et demi avant sa mort en 1994.

Cette partie de l’article consacré aux souvenirs des chefs de Maison qui suivront cette première période jusqu’aux avant derniers de l’époque contemporaine est à l’écriture.  Avec le concours des anciens élèves de l’Ecole des Roches qui mettront à l’honneur ces acteurs de la vie de chacune des deux Maisons en plongeant dans leurs souvenirs individuels et communs. .

Une illustration pour ceux des Sablons des années 80-2000… en attendant plus…..

Mais le Coteau et les Sablons ceux sont aussi deux périodes, chacune de plusieurs années qui sont venues interrompre la destination originelle des deux Maisons. En 1914, l’Ecole est réquisitionnée pour devenir l’Hôpital Militaire N°33 avec  528 lits , il  fonctionne du 4 août 1914 au 30 décembre 1917 -. L’Ecole sera rendue aux élèves et professeurs qu’en  1918, obligeant l’ouverture de deux Maisons dans le ville de Verneuil pour palier au besoin de lits pour les élèves. Le Coteau et les Sablons recevront des blessés de la grande guerre pendant toute cette période comme en atteste le nombre de cartes postales anciennes de l’école adressées pendant toute cette période à leur famille et proches. Pour illustrée cette période cette CPA, ci-dessous où le soldat a pris soin de marquer la chambre du Coteau qu’il partages avec ses camarades blessés.

En Novembre 1941, les allemands réquisitionneront une grande partie de l’Ecole dont les Coteau/ Sablons. Ils feront exploser le bâtiment des Classes qui leur servait de dépôt de munitions, ce qui  obligera, au retour des élèves  de transformer la Maison de la Prairie jusqu’en 1961, en bâtiment des classes. 

Ainsi s’achève cet article qui n’est qu’une synthèse de cette histoire que vous pourrez trouver en intégralité et évolutive, sur la plateforme domusbook.com.

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Résurrection du Cinéma Théâtre « le Normandy »

Construit en 1933 au Havre, « La capacité totale de la salle est d’environ 1200 personnes à l’ouverture en 1934, dans la salle c’est 586 places en fauteuils, 106 places en strapontins au bout des allées soit 688 places en tout. Dans les gradins c’est 373 fauteuils, 43 strapontins, 60 fauteuils en loges pour un total de 476 places.

 

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Il était une fois …. Domusbook


Les, la, notre Maison.

Le terme DOMUS est très ancien. Il remonte à une étymologie indo-européenne (*dom-) qui désignait la famille sur deux générations, et tire son origine de la racine –dem-, construire.

La Domus est donc la maison familiale romaine, dont le chef de famille porte le nom de Dominus.

Le Domusbook est un programme d’organisation en réseau de nos maisons leur permettant de devenir communicantes au gré de nos envies. Ainsi la mémoire familiale sera préservée en son sein, complétée et mise à jour dès que chacun des membres du réseau Domusbook en aura l’envie, la nécessité impérieuse face au temps qui passe….. Comme l’écrit Guy Kemlin (Nais 1922-2016 – Vallon 1930-1937- X 39 – chevalier de la Légion d’honneur- croix de guerre 1939-1945 – médaille des évadés,) en préambule de ses « souvenirs de 1939-1945 »: A nos enfants, à leurs enfants et ainsi de suite…. »

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L’Hotel de Cabre , plus vieil immeuble Marseillais

 

L'Hotel de Cabre  édifié en 1535 à Marseille

L’Hotel de Cabre édifié en 1535 à Marseille

L’Hotel de Cabre, édifié en 1535, classé en 1941, a échappé à la destruction par les allemands du quartier du Vieux Port en 1943. 

L’intégralité de l’article consultable ici

10 immeubles parisiens habités d’histoire de personnages connus

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La maison Francaise qui a préfiguré la maison Quebecoise

Sur l’ile d’Orléans au Quebec, une des dernières maisons du 18 eme siècle construit par les colons francais et qui ont préfiguré et inpiré le style des maisons québécoises. http://Explications en image en cliquant ici.

Le Vieux Colombier à Verneuil sur Avre

Au 578 rue de la Madeleine à Verneuil sur Avre (27130) habitaient des élèves de l’Ecole des Roches… quand  malgré les différentes et nombreuses Maisons que comptait l’Ecole,  les Roches ne suffisait pas y à loger l’ensemble de ses élèves, tous pensionnaires. La suite P2…

 

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